POUR UNE EUROPE FEDERALE POLYCENTRIQUE


 

             Une approche transdisciplinaire pour :   

 

Comprendre l'héritage de l'Europe, son identité, sa finalité,

 Réformer les institutions, remédier au déficit démocratique,

Construire une autre Europe.

     


Thierry Medynski


                    Mise à jour : 13 novembre 2005

                                   nouvelle adresse   http://www.europepolycentrique.org


L’Europe reste un sujet méconnu et complexe. Les enjeux de la construction européenne demeurent obscurs aux yeux de la plupart des citoyens. Nos hommes politiques en sont les principaux responsables et n’ont guère manifesté une réelle volonté d’information. Mais ont-ils eux-mêmes une vision claire de l’Europe ? Sont-ils vraiment capables de dessiner un projet de société pour l’Europe ? Sont-ils fossilisés sur leurs positions depuis des décennies et inconscients de la période de mutation que nous vivons ? Ou bien sont-ils prisonniers voire complices de puissants intérêts qui confinent le rôle des politiques à la gestion d’une société du chaos ? De fait, le fossé ne cesse de se creuser entre la société civile et « l’élite » technocratique (comme en témoigne l'exemple du traité établissant une Constitution pour l'Europe, ou, à la lumière du cas de l’Irak, entre une opinion publique mondiale et une oligarchie politique et médiatique manipulatrice et largement discréditée.

L’Europe est en crise depuis le début des années 1990 : crise sur son identité et sa finalité, déficit démocratique, démission de la Commission en 1999, crise de la vache folle, impuissance diplomatique et militaire, dix années de guerre aux portes de l’Europe en Yougoslavie, installation durable d'une crise économique avec une croissance molle flirtant avec la déflation (sans coordination entre les politiques économique, budgétaire et monétaire, et du fait du pacte de stabilité et de la politique de la banque centrale, les Etats n'ont plus la possibilité de mener une politique budgétaire ni une politique monétaire adaptées aux circonstances économiques locales, le tout conduisant à une atonie économique et à une économie de rente), division diplomatique à l’occasion de la crise irakienne, décalage entre opinion publique et gouvernements de certains pays, impossibilité d'offrir une autre vision du monde (tant par rapport au modèle américain qu'à l'ancien modèle soviétique), interrogations majeures sur le lien avec les États-Unis et l'existence de valeurs communes (présageant d'une grande crise de la civilisation occidentale), crise politique avec divisions affichées entre pays européens lors des négociations pour le traité de Nice puis pour la Convention européenne, confusion dans le débat sur la Constitution européenne (alors que les vraies problématiques se situent au niveau d'un projet européen), crise démographique (l’Union européenne à 25 ne représentera qu’environ 6 % de la population mondiale en 2020), abstention majeure lors des élections européennes en 1999 et 2004, alignement de la Commission Barroso (comme les précédentes) sur des positions néo-libérales et pro-américaine, menace de censure du Parlement européen au moment de l'investiture de cette nouvelle Commission, au moment où les 25 signent à Rome la Constitution...... Toutes ces problématiques posent avec acuité la question d’un véritable débat sur le projet européen, débat régulièrement occulté par nos gouvernants : l'Europe pour quoi faire ? Quel est le désir de vivre ensemble ? 

Quant à l'Europe à 25, elle est déjà incapable d'agir. L’Europe est dans une impasse car ses plans présentent un vice de construction. Le traité de Nice (en vigueur depuis le premier février 2003) est plus qu’un échec : il s’agit d’un résultat prévisible, la conséquence logique d’une erreur de trajectoire, et toute nouvelle négociation engagée dans la continuité de l’Acte Unique, de Maastricht, d’Amsterdam ou de Nice conduira également à une impasse. Le projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe (TCE) signé en octobre 2004 s'inscrit dans cette logique. Depuis le traité de Maastricht, toutes les tentatives de réforme des institutions s’enlisent, les conférences intergouvernementales se succèdent et l’on remet les négociations au prochain traité. Encore faut-il distinguer derrière le mot réforme ce qui relève de la gouvernance, simple adaptation des institutions à un système économique,  de ce qui concerne une réelle démocratisation des institutions pour l’intérêt de tous.

A l'aube du XXIème siècle, l'Europe doit sortir des balbutiements de son enfance. L’expiration en 2002 du traité CECA (la matrice politique de l’Europe) était de ce point de vue symbolique, mais une fois de plus, l'occasion n'a pas été saisie. Le temps est venu de revenir sur ce qui constitue le projet fondateur de l'Europe, son héritage, son identité, sa finalité, pour ensuite définir les réformes institutionnelles qui s'imposent afin de mener à bien la construction européenne en référence à ce projet fondateur.

Ce débat sur le projet de l'Europe va peut-être s'ouvrir avec le plan D annoncé par le Conseil européen le 18 juin 2005 et officiellement lancé par la Commission européenne le 13 octobre 2005. Un plan D comme dialogue, débat, démocratie. Il devient nécessaire qu’une majorité de citoyens s’intéressent à l’Europe, car :

·      Les choix européens influent sur notre vie quotidienne et nos futures conditions de vie. Ainsi, en 1994,  la moitié des lois votées par le Parlement français était d'origine Bruxelloise. Ce pourcentage est passé en 1999 à 60 % pour monter à 70 % en 2004.

·    L’Europe est marquée par une régression démocratique. Il y a un transfert du pouvoir d’États démocratiques à une Europe marquée par un déficit démocratique.

·        L’Europe se construit contre les européens, contre la société civile, et sur la base d’un modèle qui n’est pas en accord avec son identité ni avec la période de mutation que nous vivons.

·   Le destin de l’Europe dépend de chacun d’entre nous, de notre volonté de s’informer, de comprendre.

 

Depuis l’Acte unique jusqu’à Maastricht, Amsterdam, et Nice, l’Europe est réduite à un cadre politique et économique, donnant une place centrale à l’Union économique et monétaire et à ses contraintes (Pacte de stabilité). Une priorité est clairement affichée : défendre les intérêts des marchés financiers (la lutte contre l’inflation) ou des multinationales (lorsque la Commission soutient un projet tel l’AMI ou encore la commercialisation des OGM) au détriment des intérêts de la société civile (la lutte contre le chômage, la protection de l'environnement). En conséquence, le débat est cristallisé entre les partisans de l’Europe de Maastricht (avec ses avatars, Amsterdam, Nice et le TCE) et les souverainistes. Je vous propose de sortir de ce faux débat, considérant qu’il s’agit là d’un choix illusoire entre deux positions aussi néfastes l’une que l’autre pour l’Europe.

 

On peut distinguer cinq projets possibles pour l'Europe : une confédération (les souverainistes représentent environ 4 % du Parlement européen), un État fédéral (qui semble inapproprié car il conduirait à la disparition des Etats nations), une Europe ultralibérale (le TCE en est un exemple), une Europe anticapitaliste (l'extrême gauche représente environ 5 % du Parlement européen). Il reste enfin une cinquième voie, qui avait été ouverte par la commission institutionnelle du Parlement européen dans le second projet de Constitution de l'Union européenne (rapport Herman en 1994) avec le modèle fédéral coopératif décentralisé ou le modèle fédéraliste régional. C'est dans cette lignée que s'inscrit le modèle d'une Europe fédérale polycentrique qui a la particularité de s'appuyer sur l'identité de l'Europe et la compréhension de l'actuelle période de mutation que nous traversons. Ce modèle (il en existe certainement d'autres, encore faudrait-il lancer le débat et renoncer à la pensée unique) pourrait retenir l'adhésion d'une grande partie de partisans du oui comme du non au traité établissant une Constitution pour l'Europe.  

 

Le concept d’Europe fédérale polycentrique est plus explicite et se distingue radicalement du concept de fédération d’États Nations. Toute l'erreur et l'ambiguïté de la construction européenne depuis Maastricht (jusqu'au TCE compris) résident dans le mélange d'éléments qui relèvent d'une confédération (une défense européenne indépendante ou un Parquet européen pour lutter contre le terrorisme nécessitent l'unanimité) et d'autres qui relèvent d'un Etat fédéral (processus d'uniformisation par une Commission européenne qui abuse d'une règlementation et dispose de mécanismes de sanctions). Il faut donc moins d'Europe pour certains domaines, et plus d'Europe pour d'autres. C'est la voie de l'Europe fédérale polycentrique. Derrière la notion de polycentrisme, on retrouve le renoncement à la volonté de pouvoir par la reconnaissance de plusieurs pôles périphériques, la notion de coopération et de coordination (à l'opposé d'un principe de subordination ou de concurrence), et l'ouverture vers la notion de conjonction des opposés (avec la notion d'interdépendance, de convergence entre les différences, entre les opposés). Ce concept d'Europe fédérale polycentrique s’oppose tant à une union intergouvernementale (une confédération) qu’à un État fédéral européen centralisateur (où le principe d'harmonisation conduirait à un principe d'uniformisation, à la disparition des différences). Il se situe entre les deux tout en se distinguant du concept de fédération d’États Nations. Il s’oppose également tant à une Europe anticapitaliste qu'à une Europe ultralibérale. Il décline l’organisation polycentrique d’un pouvoir faiblement hiérarchisé, la synthèse entre une composante communautaire et une composante intergouvernementale, la coopération entre euro-régions, le polycentrisme maillé et la notion de développement durable. La synthèse des deux composantes se distingue d’une fusion-confusion telle qu’elle existe dans le traité de Maastricht, dans la proposition du couple franco-allemand (janvier 2003) ou dans le TCE pour que l'UE se dote à la fois d'un président de la Commission élu par le Parlement européen et d'un président du Conseil élu par les chefs d'Etat et de gouvernement (une cohabitation bien problématique).


Loin de la pensée unique et des discours officiels, ce site est destiné à vous donner des éléments de compréhension, au moyen d’une approche transdisciplinaire, pour construire une autre Europe. Il me faudra pour cela reprendre son histoire, en détailler les phases fondamentales de mutation, et par un raisonnement analogique avec certaines théories psychanalytiques, dégager l'identité de l'Europe, les fondements et la finalité de la construction européenne. Je vous propose une approche psycho-socio-politique en quatre étapes :

La première étape consiste à comprendre l’identité de l'Europe. Mon analyse de l’identité européenne s’appuie sur sa structure anthropologique, spécifique et unique au monde, composée d’une mosaïque de quatre types familiaux exogames (famille nucléaire égalitaire, famille nucléaire absolue, famille souche, famille communautaire exogame). Je fais ici explicitement référence aux travaux d’Emmanuel Todd.

Au-delà du constat de cette mosaïque de quatre systèmes familiaux exogames qui constitue l'identité de l'Europe, quelle peut en être la signification ? Pour répondre à cette question, la seconde étape passe par un parallèle entre l'histoire de la civilisation européenne et l'évolution de la psyché, dans la lignée des travaux de Gusdorf (Mythe et métaphysique, 1953). L’outil psychanalytique permettra en effet de mettre en perspective trois grandes mutations dans l’histoire de l’Europe : l’aventure grecque (la mythologie grecque sera abordée peu après), la transition Moyen-Age / Renaissance, la remise en cause du scientisme au début du XXème siècle. Ainsi pourra se dégager l'identité et la finalité de l’Europe.

L'histoire de la construction européenne, les institutions et ses rouages feront l’objet d’un rappel dans la troisième étape.

La dernière étape consistera alors à construire une autre Europe en accord avec sa finalité, pour peu que l’on comprenne que nous sommes plongés dans une période de mutation fondamentale depuis le début du XXème siècle, et dont le principe majeur est celui de la conjonction des opposés. D’où le choix qui s’offre à l’Europe :

- soit se construire en référence à cette mutation fondamentale. Le projet d’Europe fédérale polycentrique s’inscrit dans ce cadre et définit un véritable projet de société en cohérence avec l'héritage et l'identité de l'Europe.

- soit rester piégée dans l’ancien cadre correspondant au conflit des opposés (gauche / droite, Nord / Sud, social-libéralisme / repli nationaliste...), choix incarné par l’Europe de Maastricht, d’Amsterdam, de Nice (et du projet de Constitution).

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        Voici les liens directs. D’autres apparaîtront en cours de navigation.

 

        1/ La spécificité de l'identité de l'Europe

L'identité européenne

 

  Carte  des systèmes familiaux en Europe

        

         2/ Evolution des sociétés en Europe et psyché humaine

Imaginaire et symbolique

Imaginal

Les mutations dans l’histoire de l’Europe

La mythologie grecque


 

         3/ La construction européenne, les institutions et ses rouages

La construction européenne

Les institutions européennes

Le déficit démocratique


 

 

        4/ Construire l’Europe en accord avec l’actuelle mutation de société 

L'Europe et le conflit des opposés

L'Europe et la conjonction des opposés

Finalité de l’Europe

Fondements de l’Europe

Pour une véritable réforme des institutions

 

        5/ Liens

        6/ Bibliographie

 

                                       

 

 

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