CONCURRENCE
Le principe de concurrence est la pierre angulaire du Traité de Rome. Ce dernier considère les services d'intérêt général comme des dérogations aux règles de la concurrence. Puis l'Acte unique engage un processus de libéralisation. Dès lors, la libéralisation des services publics s'effectue au nom du seul principe de concurrence. Le traité de Maastricht accentue encore l'idéologie libre échangiste. Même si le traité d'Amsterdam a adopté un nouvel article 7 D reconnaissant le rôle des services d'intérêt général et les particularités du service public au regard de l'ouverture à la concurrence, l'Union européenne reste depuis fortement engagée dans un processus de libéralisation des services publics.
A l'image du dogmatisme de
la banque
centrale européenne,
la politique de
la concurrence
menée par la Commission européenne est dogmatique
car
elle
ouvre le marché unique européen aux autres
puissances
économiques sans
réciprocité, elle privilégie le
marché au
détriment de l'entreprise et
de
l'investissement, et s'oppose au renforcement de politiques
stratégiques (refus de fusions), politique que l'on retrouve
également dans sa volonté de libéraliser les
services publics.
L'impuissance économique de l'Europe
est ainsi
organisée
par la BCE et
la DG de
la Commission chargée de la concurrence. Il faudra par
exemple
attendre
mars 2004 pour que la Commission européenne se
décide
à imposer des
sanctions aux Etats-Unis pour faire abroger les subventions
américaines
à l'exportation contraires aux règles du commerce
mondial
(les FSC ont
été condamnées par l'OMC en 1999).
Encore faut-il
souligner que la
Commission européenne s'est contentée d'une somme
de 17
millions de
dollars (tout en prévenant qu'elle en augmentera chaque mois
le
montant), au lieu des 4 milliards de dollars d'amende que Bruxelles
était en droit de demander.
N'oublions pas que la menace
communiste a été l'un des moteurs de la
construction de
l'Europe qui a
donc adopté
dans son traité
fondateur
un principe opposé, celui de la concurrence. Mais
à
l'aube du XXIème
siècle, à l'heure de la troisième
mutation dans l'histoire de l'Europe
et du
principe de conjonction
des opposés,
toute réforme
des institutions européennes
doit s'accompagner d'une révision des Traités et
remettre
en question la
priorité accordée au principe de concurrence.