LA PHYSIQUE QUANTIQUE
Jusqu'à la fin du XIXème siècle, le monde physique était expliqué par l'électro- magnétisme de Maxwell et la mécanique newtonienne. Il y avait une réalité physique objective que l'on pouvait étudier sans que l'observation du physicien perturbe cette réalité. Tout objet pouvait être localisé dans l'espace à tout moment, et répondait soit à l'analyse de la trajectoire d'un corpuscule, selon sa masse et sa vitesse (lois de Newton), soit à l'analyse du déplacement d'une onde (lois de Maxwell).
La physique classique est
fondée sur les principes :
Après Laplace et Newton, la
physique classique connaît son âge d’or à la
fin du XIXème
siècle. La physique
classique est suffisante pour expliquer les phénomènes de
la vie quotidienne
car la vitesse quotidienne est infime par rapport à celle de la
lumière. Après
avoir décrit la nature quantique de la lumière, Einstein
pose les principes de
la relativité. La théorie de la relativité marque
l'apogée de la physique
classique.
Pour des petites vitesses,
celles de notre monde quotidien, les lois de Newton sont valides,
même si elles
reposent sur des approximations. Pour les vitesses proches de celle de
la
lumière, la relativité entre en jeu.
Pour des vitesses
constantes, donc sans accélération, la relativité
restreinte (1905) stipule que
les lois de la physique doivent être les mêmes pour tous
les observateurs,
quelle que soit leur vitesses. Tout observateur peut trouver
précisément le
temps et la position que tout autre observateur assignera à
l'événement, pourvu
qu'il connaisse sa vitesse relative. Ainsi est définit le couple
espace temps
alors que la mécanique classique newtonienne s'inscrivait dans
un espace à
trois dimensions régit par un temps absolu
qui se déroule indépendamment des
phénomènes extérieurs (la fuite du
temps). L'espace et le temps sont inséparables.
Deux événements
simultanés
dans un système de référence, ne le sont plus dans
un autre système de
référence. Le principe de relativité implique
l'absence d'observateur
privilégié. La description des phénomènes
ne doit pas dépendre des différents
observateurs. Chacun d'entre eux doit trouver la même loi
physique. Chacun peut
trouver les coordonnées référentielles des autres
observateurs.
L'espace n'est pas
tridimensionnel et il n'y a pas de temps absolu, chaque individu a sa
propre
mesure du temps qui dépend du lieu et de la manière dont
il se déplace. Chaque
objet en mouvement a sa propre horloge. Si des observateurs observent
un
phénomène tout en se déplaçant à des
vitesses différentes, ils vont décrire
différemment dans le temps les séquences
événementielles et ce qui pour l'un
survient dans son futur, apparaît pour l'autre dans son
passé. Pour des
vitesses proches de celles de la lumière, les séquences
temporelles sont
différentes selon les observateurs. Non seulement il n’y a
pas de temps absolu,
mais il n’y a pas non plus de séparation objective entre
le passé et le futur.
Le temps est déployé de telle sorte que passé et
futur sont figurés à la fois
(Olivier Costa de Beauregard). Ceci semble bien sûr impensable
pour notre
conscience ordinaire qui fait quotidiennement l'expérience d'une
flèche du
temps, l'inexorable écoulement d'un passé vers le
présent puis le futur.
De plus, le temps s'écoule plus
lentement si la vitesse se rapproche de celle de la lumière
(c'est la
dilatation du temps). La vitesse augmente la durée de vie (dans
des
accélérateurs, une particule à durée de vie
très courte voit sa durée de vie
augmenter à de très grandes vitesses proches de celle de
la lumière). Les
horloges mobiles retardent par rapport aux horloges fixes
Enfin, la formule E =
mc² pose l’équivalence
de la masse et
de l'énergie. La masse est une forme de l'énergie.
La relativité générale
est
une théorie de la gravitation selon les résultats de la
relativité restreinte,
et implique la courbure de l'espace-temps. Elle s'applique aux objets
près de
fortes concentrations de masse. On vit dans un système de
référence défini par
quatre coordonnées : les trois coordonnées spatiales du
lieu, et le temps. La
relativité générale introduit la
matière-espace-temps, la matière se
déplaçant
dans un espace temps de courbure variable. La relativité
générale a donné
naissance à la théorie du big bang.
L'étude du domaine
microscopique va bouleverser les concepts de la physique classique. Les
lois de
Newton, applicables aux objets de grande taille, ne s'appliquent pas
dans le domaine
subatomique. Lorsqu’on se penche sur l'infiniment petit, il n'y a
pas de monde
physique objectif qui évolue de façon indépendante
de nous. Le hasard remplace
le principe de causalité. On ne peut connaître en
même temps la position et la
vitesse d'un objet quantique. Ce dernier peut être une chose et
son contraire.
Développée vers 1920-1930, la physique quantique est une
théorie probabiliste
qui heurte le sens commun. De plus, les phénomènes
quantiques ne peuvent être
représentés visuellement. Mais la théorie est
toujours vérifiée par
l'expérimentation qui vient la valider. La physique quantique ne
donne pas une
vision de la « réalité en soi »
mais décrit des phénomènes avec
exactitude.
Ainsi, au cours du XXème siècle, la science va
réintroduire le mystère dans le monde, rendant
obsolète la croyance
matérialiste et scientiste pure.
1/ Les quanta : la
notion de discontinuité
En 1900, Max Planck avance
l'idée des quanta. Contrairement à ce que soutient la
physique classique pour
laquelle les échanges d'énergies se font
régulièrement et graduellement, dans
le monde subatomique, il y a une discontinuité des
échanges d'énergie entre
matière et rayonnement. Ces échanges s'effectuent par
paquets d'énergie, par
quanta. Cette discontinuité se retrouve au cœur de
l’atome puisque, comme l’a
avancé Bohr en 1913, les électrons occupent des orbites
spécifiques et passent
de l’une à l’autre sans aucune orbite
intermédiaire.
Les particules subatomiques
ne sont pas des grains de matière solide mais des quanta, des
paquets d'énergie
en perpétuelle transformation. La matière nous
apparaît comme stable et solide
alors qu'en fait les particules forment des systèmes dynamiques
qui subissent
perpétuellement des transformations ou transmutations avec des
phénomènes de
création et d’annihilation, et ce flux dynamique est
créateur d'énergie. La
matière est en fait constituée d'espace vide
traversé par quelques particules.
2/ La dualité onde
- corpuscule : la double appartenance des particules quantiques
En 1923, Louis de Broglie
associe une onde à tout corpuscule. Jusqu'alors, selon une
logique apparente,
une entité sub-atomique devrait être soit un corpuscule,
soit une onde. En
fait, pour la physique quantique, une particule est à la fois
corpuscule et
onde, mais elle n'est ni corpuscule ni onde. Selon la manière
dont nous
l'observons, elle apparaît soit comme particule, soit comme une
onde. Comme
Einstein l’avait montré en 1905 pour la lumière, la
matière est aussi une
coexistence d'ondes et de particules. L'apparence de la matière
dépend de nous,
elle nous apparaît tantôt comme des ondes, tantôt
comme des particules. Cette
apparence dépend de la façon dont nous observons la
matière. Les ondes
électromagnétiques peuvent se comporter comme des
corpuscules. A tout
corpuscule est associé une onde. La matière s’est
dématérialisée, s’est
« déchosifié » selon
l’expression de Bernard d’Espagnat.
En physique classique :
A est A (axiome d’identité), A n’est pas non A
(axiome de non contradiction),
et il n’existe pas de troisième terme qui soit à la
fois A et non A (axiome du
tiers exclu).
En physique quantique :
A est A et non A (axiome du tiers inclus), mais par ailleurs, A
n’est ni A ni
non A.
L'état T (T comme tiers inclus)
est un troisième terme qui peut se manifester à la fois
sous l'apparence de A
et de non A, mais qui n'est ni A ni non
A (Lupasco). Une particule est à la fois onde et corpuscule,
mais elle n'est ni
corpuscule ni onde. L’état T implique l'intégration
du contradictoire
(l’intégration de l'ombre).
3/ Le principe d'incertitude, ou
d’indétermination
Un objet quantique est
défini par une probabilité de présence. La
connaissance de la réalité est
impossible car la connaissance d'un paramètre exclut
nécessairement la
connaissance d'un autre paramètre. Le réel est
connaissable seulement dans
certaines de ses structures. Il y a des limites à la
connaissance du réel, le
réel est voilé. Le dévoilement du réel (le
rêve du matérialisme) est
impossible. Le réel en soi existe, indépendamment de
l’homme, mais la science
ne peut en fournir une connaissance complète. On ne peut
connaître
simultanément, et avec la même précision, la
position et la vitesse d’une
particule (principe d'incertitude d'Heisenberg énoncé en
1927). On ne peut que
prédire une probabilité d'existence. Toute mesure modifie
la grandeur mesurée.
L’observation n’est pas neutre, contrairement à ce
qui ce passe dans le monde
macroscopique. On ne peut prédire le moment où un atome
va se désintégrer. Le
hasard règne sur le monde microscopique. Le monde quantique
n’est pas
représentable visuellement. L’électron ne tourne
pas autour du noyau et on ne
peut se représenter une trajectoire pour les particules. La
physique quantique
attribue à une particule une probabilité de
présence en un endroit donné et à
un temps voulu. Il est impossible de fournir un modèle de la
réalité qui
représenterait les événements eux-mêmes et
non leur probabilité de présence.
Cependant, cette représentation prédit correctement les
micro phénomènes. La
physique quantique décrit l'interaction de l'observateur avec le
monde mais le
réel n'est pas accessible.
4/ La
complémentarité particule - antiparticule
A tout événement correspond
un anti événement. A toute particule correspond une antiparticule. Une antiparticule a la
même masse, le même spin
que sa particule correspondante, mais elle a une charge
électrique opposée.
Tout contact d'une particule avec son double, de la matière avec
l'antimatière
se traduit par une annihilation, une disparition des deux, une
dématérialisation, avec une libération
d'énergie (transformation de la masse en
énergie et émission d'un rayonnement de photons gamma,
analogue à la lumière).
5/ Le principe de non
séparabilité
La physique classique étudie
des objets séparés et indépendants. Elle suppose
l'existence d'objets
extérieurs que l'on peut étudier indépendamment.
Dans le monde microscopique, à
l'encontre du principe de causalité locale et de
séparabilité, il existe des
connexions non locales et inexplicables entre des
éléments qui se révèlent tous
interdépendants même s'ils sont séparés par
de grandes distances : il y a
violation du principe de séparabilité et on ne peut
parler séparément de
chacune des particules. Ces connexions, ces variables cachées
non locales, sont
situées hors de notre espace-temps, dans un autre niveau de
réalité, mais elles
ont une influence dans notre monde.
Bernard d’Espagnat fait la
distinction entre le réel voilé qui ne sera jamais
accessible par la science,
(même si on peut en avoir une certaine idée et en faire
l’expérience car il
existe un lien entre ce réel voilé et notre monde
d’existence) et la réalité
empirique, le monde des apparences que décrit et analyse la
science.
L'univers est une totalité
inter reliée dans les moindres de ses éléments, et
cette totalité s'oppose à la
description du monde en entités séparés et
indépendantes. Ainsi la célèbre
expérience d'Alain Aspect en 1982 (confirmée par celle de
Nicolas Gisin en 1997
sur une distance de dix kilomètres entre les deux particules, et
non plus 12
mètres) a montré que deux particules qui sont
entrés en interaction à un moment
donné gardent chacune des informations sur l'autre même si
elles se trouvent
éloignées l'une de l'autre par des très grandes
distances. Contrairement à ce
que pensait Einstein, il n’y a pas de variables cachées
locales (c’est ce que
démontrait déjà des expériences
précédentes sur la violation des inégalités
de
Bell).
Il n'y a pas de moi isolé
indépendant, tout est interdépendant. Observer, c'est
perturber. Le battement
des ailles d'un papillon peut perturber climat à l'autre bout de
la planète.
Pourtant le moi se prend pour le centre du monde. Il pense en
particulier que
son concept de temps est le même pour tous les observateurs. Mais
il n'y a pas
de temps universel commun à tous les observateurs. L'espace est
différent pour
tous les observateurs, le temps également, mais l'espace-temps
est le même pour
tous.
Un atome est essentiellement
constitué de vide. L’essentiel de la matière est
concentré dans le noyau :
neutron et proton, qui se subdivisent en quarks. En fait, il n’y
a pas de
véritable brique fondamentale, les particules quantiques ne sont
pas des
entités stables, permanentes et isolées. Toute particule
peut se transformer et
revêtir toute forme dans un véritable théâtre
d’apparence sous l’œil de
l’observateur. C'est grâce aux accélérateurs
de particules que l'on a pu
déchiffrer la structure de la matière, mais l'exploration
de plus en plus
approfondie de celle-ci nécessite des installations de plus en
plus
gigantesques et coûteuses, qui vont rapidement atteindre leur
limite.
Les particules appartiennent
au groupe des bosons ou des fermions. Les bosons sont des particules
d'interaction. Les fermions sont des particules de matière.
1/ Les bosons
Les bosons sont
collectivistes, grégaires, de spin entier ou nul. Ils peuvent se
rassembler
dans le même état. Il existe quatre grandes familles :
- le photon (répond à la force
électromagnétique) est responsable des interactions
électromagnétiques.
- les bosons intermédiaires
W+, W-, et Z pour la force faible.
- les gluons colorés pour la
force forte (cohésion du noyau).
- l'hypothétique graviton
pour la gravité.
2/ Les fermions
Les fermions n'occupent
jamais le même nombre quantique. Ils sont individualistes, de
spin demi entier
et répondent au principe d'exclusion de Pauli qui implique la
formation de
couple d'électrons à spin opposé (deux fermions ne
peuvent occuper le même état
quantique au même moment). Les fermions cherchent à se
différencier.
On distingue :
- les baryons (neutron et
proton) sont en fait constitués de quarks qui s'assemblent par
trois (une paire
quark/ anti-quark compose un méson) mais ne sont jamais
observables seuls (on
ne peut connaître l’état élémentaire
de la matière, peut-être même existe-t-il
autre chose derrière les quarks). Ils répondent à
l'interaction forte, faible
et à l'électromagnétisme. Les six types de quarks
ont été découverts de 1964 à
1995.
- les leptons chargés
(électron, méson mu et méson tau) ou neutres (3
types de neutrinos). Les
leptons sont observables seuls
(électron, neutrino). L'électron participe
à la force faible et à
l'électromagnétisme. Les neutrinos ne participent
qu'à la force faible (ils
sont neutres).
La matière est constituée
de :
6 quarks (u,d) (c,s)
(t,b)
6 leptons :
électron
neutrino
électronique
muon
neutrino muonique
tauon
neutrino tauique
La matière ordinaire est en fait
de nature quaternaire, constituée de la première des
trois familles de quarks
(quark up et quark down), de l'électron et du neutrino
électronique (bien que
ce dernier interagisse peu avec la matière, mais joue un
rôle important dans la
radioactivité bêta qui permet la transformation
réciproque des neutrons en
protons, processus qui a permis la synthèse des
éléments et de noyaux plus
lourds à partir d'hydrogène). Les deux autres familles
sont cependant
indispensables pour que notre monde puisse exister. Il faudra attendre
les
nouvelles générations d'accélérateurs, vers
2007, pour percer davantage les
mystères de la matière.
Selon la théorie de la
relativité, toutes ces particules ont une vitesse
inférieure ou égale à celle
de la lumière.
Au sein de l’univers, il
existe quatre types de forces ou d'interactions fondamentales : la
gravitation
et l'électromagnétisme sont connus depuis le XIXème siècle , la force nucléaire
forte et la force nucléaire faible ont été
découvertes au XXème
siècle. Ces quatre forces
ont les mêmes caractéristiques et les mêmes
propriétés depuis la naissance de
l’univers.
La force électromagnétisme
agit de l'atome à l'étoile (force magnétique).
Elle joue un rôle important dans
les processus biologiques. Elle concerne les électrons et les
quarks. Les
photons peuvent apparaître ou disparaître, changer
d'énergie et de longueur
d'onde. Un même photon peut passer d'une couleur visible à
une couleur
invisible par un changement d'énergie. La lumière visible
n'est qu'un aspect
particulier et partiel de l'électromagnétisme qui
regroupe les forces
électriques, magnétiques, phénomènes
lumineux, lumière visible, onde radio,
rayons X et gamma. L'œil ne reconnaît qu'une petite partie
du spectre de la
lumière. L'électromagnétisme est émis par
paquet d'énergie (selon la théorie
des quantas). La lumière est une onde de champs
magnétique et électrique
oscillants qui se propage depuis les
confins de l'espace jusqu'aux molécules.
L'électromagnétisme gouverne le
mouvement des électrons et joue un rôle important dans la
stabilité des
molécules. La vie est essentiellement un ensemble particulier de
phénomènes qui
se déroulent à l'échelle macromoléculaire,
où agissent la force
électromagnétisme et la force faible (même si
celle-ci est moins importante
d'un facteur 10.000). L’électromagnétisme lie les
électrons aux atomes et
gouverne les processus chimiques. C’est un pont entre
l’infiniment grand et
l’infiniment petit.
La force nucléaire faible
permet des changements de particules par rupture de l'unité des
noyaux. Elle
gouverne la radioactivité bêta c'est-à-dire la
désintégration spontanée de
certains noyaux avec transformation du noyau de l'atome (et donc
modification
du nombre de protons et de neutrons) et émission d'un
électron. Elle concerne
les électrons, les neutrinos et les quarks. Elle intervient dans
l'interaction
entre un courant leptonique et un courant nucléaire, dans des
processus de
destruction et de transformation, la transformation du neutron en
proton (le neutron
se transforme en proton + électron + antineutrino), change les
électrons en
neutrinos et vice versa (le proton se transforme en neutron + positron
+
neutrino), transforme les quarks up en quark down.
La gravitation ne joue
quasiment aucun rôle dans le monde microscopique. Elle
règne dans l'infiniment
grand (organisation des galaxies). Cette force agirait par
échange de gravitons
dans un champ gravitationnel (mais le graviton n'a jamais
été observé et
visualisé).
La force nucléaire forte
assure stabilité et cohésion des noyaux d'atome. Elle
relie les quarks pour
former les neutrons et les protons.
L'UNIFICATION
DES QUATRE FORCES
FONDAMENTALES
Une théorie unifiant la
force électromagnétique et de la force nucléaire
faible a été élaborée dans les
années 1960-1970. Cette théorie décrit la force
électromagnétique et la force
nucléaire faible comme les deux composantes de la force dite
électrofaible, de
la même manière que les phénomènes lumineux,
électriques et magnétiques furent
réunis dans l'électromagnétisme par Maxwell en
1864.
Les travaux de physiciens
visent maintenant à unifier la force électrofaible avec
l'interaction forte
(c'est la théorie de la grande unification). Le boson de Higgs
(non encore
découvert) est supposé être le soubassement de
cette théorie.
La supersymétrie tente d’unifier les particules d’interaction et de matière, bosons et fermions. Physique quantique et relativité générale sont deux théories qui, prises séparément, marchent très bien et sont validées par l'expérimentation sans jamais être prises en défaut. Mais le mariage entre ces deux théories n'est pas réalisé. Il n'y a pas de théorie qui unifie physique quantique et relativité générale (une théorie quantique de la gravité). Des pistes sont explorées avec par exemple un système supersymétrique, constitué de cordes, formulé dans un espace temps à dix ou onze dimensions, ou avec le leptoquark gouverné par une seule force permettant à un lepton de se muer en un quark. L’unification des quatre forces fondamentales constitue le défi du XXIème siècle. On retrouve là avec la supersymétrie le thème de la conjonction des opposés.
Au tout début du Big bang, les quatre
forces sont unies, il n'y a qu'une seule force. C'est la
symétrie parfaite et la non différenciation. Il y a une
symétrie matière- antimatière. L'univers est
stérile et la température extrêmement
élevée. Dans cette grande chaleur initiale, les
particules sont indifférenciées, sans masse. Elles sont
toutes interchangeables. Cette indifférenciation initiale rend
compte de la stérilité d'un univers parfaitement
symétrique.
C'est le règne du vide
quantique. Le vide est la matrice de la réalité
manifestée. Le vide est un,
immuable, inconnaissable, c'est le fondement de toute chose, et il
exprime une tendance
à la différenciation et à la manifestation dans
l'ordre explicite. Le vide est
l'état d'énergie minimum, l'état non excité
de la matière. Il est inobservable
mais il existe potentiellement. C'est un espace sans particule
réelle et c'est
un océan de particules virtuelles. Le vide porte en lui toutes
les
potentialités. Le vide est l'état latent de la
réalité. Il est inépuisable,
sans cesse mouvant, plein de la potentialité d'une
infinité de particules. Le
champ est quantifié quand une particule apparaît. Dans le
vide originel, il n'y
a pas d'espace-temps, pas de lumière, ni monde macroscopique
créé. Il est comme
s'il n'était pas.
La supersymétrie (quatre
forces unifiées) définit un vide symétrique entre
bosons et fermions, à très
haute énergie dans un univers très condensé et
très chaud, mais riche d'une
énergie latente prête à se manifester.
Puis il y a successivement :
- séparation de la gravité : c’est le stade de la Grande unification (trois forces unifiées), définissant un vide symétrique entre quarks et leptons, à plus basse énergie.
- séparation de la force forte et de l'électrofaible (interaction faible et électromagnétisme unifiés). Au moment de la séparation des trois forces, il apparaît un minime surplus de matière par rapport à l'anti-matière. Notre monde existe grâce à cette rupture de la symétrie matière-antimatière. Ce vide à symétrie brisée (séparation de la force forte de la force électrofaible), dans un univers en expansion inflationnaire à plus basse énergie, permet la création des particules. Il y a génération d'une information et d'une complexification à partir du vide sous sa forme indifférencié.
- séparation
de la force faible et de la force électromagnétique.
En brisant l'unité de ses
forces, l'univers devient plus stable et fertile : c'est la naissance
du
cosmos. Du vide naît la lumière puis la matière. La
matière commence à
s'organiser : les quarks se combinent pour former des neutrons et des
protons.
Ces derniers s'uniront ensuite pour former des noyaux légers. Le
refroidissement, la dilatation et l'expansion de l'univers permettent
la
complexification de l'univers, l'apparition des étoiles, du
carbone et de la
vie. La brisure de symétrie est un processus de
différenciation de l'univers
qui s’organise, génère de l'information et une
complexification à partir d'un
vide indifférencié.
ORDRE
EXPLICITE ET ORDRE
IMPLICITE – MONDE EMPIRIQUE ET RÉEL VOILÉ
Sur les rapports entre
l'esprit et la matière, la plupart des physiciens ne se
prononcent pas et se
contentent de constater la validité de la physique quantique. Un
courant à
part, en particulier représenté par David Bohm, suppose
la présence d'une
réalité plus profonde et inconnaissable dont la
matière et l'esprit ne seraient
que deux manifestations complémentaires. Ses théories
sont compatibles avec le
principe de non séparabilité, c'est-à-dire que des
particules non contiguës
dans l'ordre explicite le sont dans l'ordre implicite.
David Bohm considère que
l'esprit et la matière sont interdépendants et
reliés, mais non pas causalement
connectés. Ils sont mutuellement des projections enveloppantes
d'une réalité
élevées qui n'est ni la matière ni la conscience.
L'ordre implicite (ou implié) est au-delà de l'espace-temps. C’est un vide plein de toutes les potentialités.
L’ordre explicite,
manifeste, déployé, est l’univers tel qu'il nous
apparaît, articulé autour de
l'espace-temps, mais créant une réalité qui nous
semble séparée et
indépendante. Ainsi, selon David Bohm, « nous nous accrochons dans une large mesure au monde manifeste
considéré
comme la réalité fondamentale où l'important
consiste à disposer d'unités
séparées, relativement tout au moins, mais en
interaction. Dans la réalité non
manifeste tout s'interpénètre, tout est
interrelié ».
L'espace-temps de l'ordre explicite se développe à partir
de l'ordre implicite.
Tout comme la lumière et les
ondes radio ont leur fondement dans un ordre commun, la conscience et
la
matière sont réunis au-delà de leur ordre
implicite respectif, dans l'ordre
super implicite. Cet ordre super-implicite est un univers
auto-organisé dans
lequel la conscience et la matière sont indissociables.
L’ordre super-implicite
est le fondement du monde dont il assure la cohérence.
Les objets en mouvement, reliés
par des champs, apparaissent dans l'ordre explicite, dans un
référentiel espace
temps, mais ce qui nous apparaît est sous tendu par un ordre
implicite voilé.
Puisque nous sommes immergés dans l’espace-temps, nous ne
pouvons dévoiler le
réel. Le réel nous est voilé (d'Espagnat), il est
connaissable seulement en
certaines de ses structures, et on ne peut que partiellement
l’appréhender.
Le réel voilé se situe
au-delà des phénomènes. Le réel en soi, ou
l'ordre implicite, est différent de
notre monde quotidien. Le concept de la vitesse n'a plus de sens. C'est
un
espace multidimentionnel où le temps ne s'écoule plus :
il y a instantanéité de
tous les événements, il n'y a ni passé, ni
présent, ni futur. Il n'y a plus de
causalité mais information pure et synchronicité. Ce
réel voilé se projette
dans notre univers que nous expérimentons quotidiennement et
notre cortex
construirait une apparence structurée sur l'espace-temps et le
principe de
causalité. Cependant, parfois, notre cerveau droit serait le
canal récepteur de
l’intuition de l’unité de notre univers par le biais
par exemple des
expériences de synchronicité qui représentent un
temps acausal où il n'y a ni
passé ni futur.
Dans l'ordre implicite, tous les événements sont repliés dans une totalité dont on ne peut rien dire et qui sous-tend l'ordre explicite. Selon David Bohm, cette totalité inconnaissable (comme le savoir absolu de Jung, ou le Réel de Lacan) en perpétuel mouvement se manifeste à la manière d'un hologramme : c’est ce qu’il définit par Holomouvement. Il y a continuellement un processus de projection et d'introjection entre l'ordre implicite et l'ordre explicite. Les particules sont continuellement en déploiement dans l'ordre explicite ou en involution dans l'ordre implicite.